KUNIKO - Xenakis: IX - Crescendo Magazine
La Japonaise Kuniko Kato, qui se fait appeler Kuniko tout court, est sans conteste une des grandes percussionnistes actuelles, et on ne compte plus sesperformances et ses créations aux quatre coins du monde (elle s'est produite avec l'ensemble belge ICTUS). Après avoir joué avec succès des œuvres de James Wood (dont l'étonnant Concerto pour marimba à Londres, en 1997), de Toru Takemitsu ou encore de Steve Reich, elle s'attaque aujourd'hui à deux pièces importantes de Iannis Xenakis, Pléiades et Rebonds, composées respectivement en 1978 et 1988. Lors de sa première exécution par les Percussions de Strasbourg en 1979, au Festival de Lille, Pléiades devait enthousiasmer pas mal de mélomanes, le critique français Maurice Fleuret allant jusqu'à écrire que cette œuvre entrait « dans l'histoire » [sic], au même titrePersephassa, écrite pour percussions dix ans auparavant. Divisée en quatre parties (« Mélanges », « Métaux », « Claviers » et « Peaux »), Pléiades est un bon exemple de l'esthétique de Iannis Xenakis - un art antiacadémique et, comme l'a souligné Roland de Candé, « absolument préservé des règles d'école, puisque ce qui lui tient lieu de thèmes, ce sont des modèles mathématiques ». Dans les années 1970, cette esthétique, ou cette absence d'esthétique, a souvent choqué les amateurs, mais avec le recul, elle paraît somme toute assez sage et ne frappe que si ses interprètes, solistes ou orchestres, ne réussissent à l'intégrer à leur propre discours. C'est heureusement le cas ici. Avec son jeu éblouissant, Kuniko arrive même à tempérer l'impression de lassitude que donnent certains passages de Pléiades. Impression qu'on n'éprouve guère à l'écoute les deux mouvements de Rebonds, sans doute parce que cette œuvre-ci ne dure que quinze minutes, alors que Pléiades dépasse les trois quarts d'heure.