Robin Ticciati & DSO Berlin - Debussy: Nocturnes – Duruflé: Requiem -Classica
Curieux programme, réunissant deux œuvres que tout sépare. Il y a loin du sensualisme de Debussy au monde de Duruflé, d'une haute spiritualité et entièrement fondé sur le chant grégorien. Robin Ticciati aborde les Nocturnes un peu dans la lignée de Boulez, privilégiant une texture clairement lisible, rendant le moindre détail perceptible. Mais il vaudra mieux oublier les titres et admettre que nous entendons là de belles études d'orchestre, dans lesquelles nuages, fêtes et sirènes ne sont que prétexte. Au contraire de Debussy, qui confiait avoir voulu peindre la fuite des nuages, ceux de Robin Ticciati semblent plutôt statiques, mais les timbres sont particulièrement bien dosés. Même chose pour Fêtes, aux sonorités incisives et pour de très subtiles Sirènes, servies par le Chœur de femmes de la Radio de Berlin.
On retrouve cette subtilité de la matière orchestrale dans le Requiem de Duruflé. L'orchestre n'est jamais envahissant, mais on le sent constamment contrôle, sur les plans du volume et de la qualité sonore. Tout dénote ici une parfaite compréhenson des intentions du compositeur : bien que la polyphonie soit très élaborée, on ne s'éloigne jamais de la sévérité grégorienne. Ni l'orchestre, ni les chœurs, ni Magdalena Kožena, soliste du Pie Jesu, ne paradent jamais (le solo de baryton de l'Offertoire est ici chanté par les basses du chœur). Une superbe version, très aboutie, de ce chef c'œuvre.