Bach Mass in B Minor - Dunedin Consort - ClassicsTodayFrance.com
Dans le créneau des versions rifkiniennes (de Joshua Rifkin, partisan de la confusion entre solistes et choeur et amenant les solistes à chanter les parties chorales) - optique que, pour ma part, je n'envisage pas, mais qui en fait frémir d'aise certains - voici de très loin la plus intéressante et, en tous cas la plus fervente et habile.
Habile dans les équilibres et, surtout, l'intégration de toute l'action musicale dans un espace qui évoque parfaitement une église de taille modeste. La prise de son, tant en CD qu'en SACD, est d'une vraie splendeur. En SACD notamment, Linn n'a pas cherché à créer une atmosphère planante dans laquelle les sons viendraient de partout. Il y a un vrai "focus": les chanteurs sont en face de nous et l'acoustique d'église n'est pas exagérée.
Fervente, parce que l'expression est très étudiée et travaillée. La notice fait état de cinq jours mobilisés pour mettre en boite la chose. Cela ne m'étonne pas. La partition est celle éditée par Rifkin lui-même en 2006, mais il ne s'agit jamais ici de faire passer la musicologie avant la musique et son message. Dans les parties chorales les 5 chanteurs sont augmentés de 5 ripienistes.
Le point vulnérable de cette démarche risquée (outre l'effet de choeur qui disparait évidemment) a bien été mis en évidence par la version Minkowski, sur les mêmes effectifs, fort laide au demeurant. Le défi de tout rifkinien est la fusion vocale. Chanter en chœur et en soliste: voilà deux exercices très différents. Ou bien on prend des solistes et il faut les assortir (tâche à laquelle Minkowski a lamentablement failli) ou on prend des "choristes de luxe' (ou solistes en devenir). C'est ce que fait John Butt avec Susan Hamilton, Cecilia Osmond , Margot Oitzinger, Thomas Hobbs et Matthew Brook. Le risque est alors moins le fondu des voix (parfait ici dans les "choeurs") que le "potentiel solistique".