Ann Murray - Brahms & Schumann: Lieder - Diapson
Adieux à la France, Adieux au monde: dans les Poèmes de Marie Stuart de Schumann gravés par Ann Murray, ces deux lieder ont valeur de symbole car la chanteuse a décidé de mettre un terme à sa carrière par ce récital. Elle a donc réuni des êtres chers, dont son fils Johnny Langridge (ténor comme son père Philip) et la pianiste Hester Dickson, mère de Malcolm Martineau (dans Hoch, hoch sind die Berge op. 138 de Schumann avec accompagnement à quatre mains) : on est ici en famille ! Le programme, lui aussi aveu d'amour et d'amitié, comprend notamment les Lieder und Gesange aus Wilhelm Meister et quatre duos de Schumann (dont Familien-Gemälde, « Tableau de famille » op. 34 partagé avec le fiston), sept lieder de Brahms (parmi lesquels Meine Liebe ist grün sur un poème de Felix Schumann, fils du compositeur).
La mezzo-soprano irlandaise accuse le passage du temps : acidité des aigus, vibrato serré, soutien qui parfois se dérobe. Face au Harpiste de Benjamin Appl, musicien mais trop léger de timbre et court de projection, sa Mignon brouille les relations des personnages goethéens : on croit entendre la mère et le fils ! Mais Murray touche par la sincérité de ses élans, sa générosité qui sied en particulier à Brahms et invite à réécouter les titres gravés il y a vingt ans avec Kovacevich (Diapason d'or, cf. n° 410). A la fin du disque, l'émotion saisit quand elle murmure « Bonsoir, bonne nuit », dans la Berceuse op. 49 de Brahms.