Robin Ticciati & SRSO - Berlioz: Romeo et Juliette - ConcertoNet.com
Robin Ticciati est un jeune chef anglais actuellement directeur de l’Orchestre de chambre d’Ecosse et du Festival de Glyndebourne, qui prendra en septembre prochain la succession de Tugan Sokhiev au Deutsches Symphonie-Orchester Berlin. Formé notamment auprès de Sir Colin Davis, il a déjà enregistré en 2012 la Symphonie fantastique avec son orchestre écossais et en 2014 une Enfance du Christ avec l’Orchestre et le Chœur de la radio suédoise, montrant par deux fois une belle affinité avec Berlioz. Il retrouve ici ces mêmes musiciens suédois pour ce Roméo et Juliette qui, contrairement à l’inégale version récemment publiée sous la direction de Valery Gergiev, est une belle, mais malheureusement incomplète, réussite. Dès l’entrée si délicate des cordes qui débute abruptement l’œuvre, la passion et l’élégance sont au rendez-vous. De plus, Robin Ticciati, dans des tempi souvent assez retenus, réussit à être à la fois précis et lisible, faisant tout entendre de cette musique si riche. Sa direction puissante et lyrique, engagée mais sans jamais sombrer dans les effets, fait magnifiquement respirer cette musique. Il construit son interprétation sur la durée jouant des lignes et des contrastes intrinsèques à cette musique qui n’a que rarement paru aussi moderne. L’Orchestre symphonique de la Radio suédoise est magnifique de bout en bout, notamment l’harmonie, si essentielle chez Berlioz, mais aussi les cuivres (magnifique choral des trombones au début de l’œuvre) et les cordes, surtout graves, qui donnent à l’ensemble une belle assisse au-dessus de laquelle la musique de Berlioz peut s’installer et très souvent chanter – on pense notamment à la Scène d’amour. Le Chœur de la Radio suédoise, au français presque parfait, est fidèle à sa réputation d’excellence. La mezzo Katija Dragojevic séduit grâce à son chant raffiné et sa voix légère et précise à la fois. Andrew Staples domine sa courte intervention réalisée dans un esprit vif qui convient parfaitement malgré quelques imperfections linguistiques mineures. Alastair Miles, qui a pourtant ce mélange d’autorité et d’empathie qu’il faut pour s’imposer dans le rôle du Père Laurence, est malheureusement handicapé, au moins par moments, par une voix instable et au vibrato excessif. On notera au passage la grande qualité de la prise de son, sans comparaison possible avec la pauvreté sonore de l’enregistrement dirigé par Valery Gergiev évoqué plus haut. Un Roméo et Juliette orchestralement magnifique, puissant et raffiné, qui ravira les amateurs de musique orchestrale mais sans combler complètement les autres. Décidément ce Roméo et Juliette de Berlioz est bien difficile à totalement réussir...