Aaron Pilsan - Bach: The Well-Tempered Clavier, Book I - Diapason

Les derniers temps n'ont pas manqué de Clavier bien tempéré. Pourtant, à part le vétéran Dominique Merlet, aucun ne nous a mis comme celui-ci le sourire aux lèvres ni ainsi donné l'envie de la réécouter sitôt fini.

Aaron Pilsan ne se prive d'aucun moyen du piano, mais sans oublier le claveciniste qu'il est aussi : il use de toutes les nuances de la pénalisation romantique (prélude en ut majeur), tout autant que de celles des arpègements d'accords (mi bémol mineur) ou de l'agrémentation, osant même quelques inégalisations très gallicanes (la fugue en ré majeur triomphalement alla francese). et puis, ce piano is vraiment « tempéré », c'est-à-dire accordé avec un tempérament inégal. C'est léger (probablement proche de Vallotti) mais cela s'entend.

Merlet faisait de l'œuvre une fascinante aventure avant tout intellectuelle, dont le héros était le contrepoint. Pilsan, dont l'intelligence polyphonique, et le sens du change ne sont pas moindres, donne la primauté à la personnalisation de chaque pièce. San suivre rigoureusement Mattheson qui lie un affect à chaque tonalité, il nous fait entrer dans chaque diptyque comme dans une histoire, un tableautin, pourquoi pas un Caractère : La Bruyère n'est pas loin. C'est donc l'imagination qui, ici, est reine. Revers de la médaille l'e2tendue de la gamme expressive demande une pareille étendue des moyens techniques.

Celle du jeune Autrichien est à la hauteur, mais on aspirerait à plus encore : Un contrôle plus parfait du toucher, un peu plus de couleurs aussi, au-delà de la chaleur un rien monocorde de ce beau Steinway ; où est le Bösendorfer sur lequel Badura-Skoda enregistra ses Debussy ? dans le prélude en ut majeur ou la fugue en la majeur ainsi conçus, où est l'égalité d'un Michelangeli ? 'C'est dire le niveau. L'or sera donc, nous l'espérons, pour le Livre Il. En attendant, recommandons ce Livre I avec enthousiasme.