Fitzwilliam String Quartet - Shostakovich: Last Three String Quartets - Musikzen
Par leur économie de moyens, leur langage flottant entre restes de tonalité et séries dodécaphoniques, et leur réduction au strictement essentiel, les derniers quatuors à cordes de Chostakovitch demandent une concentration totale de l’interprète comme de l’auditeur. Depuis leur création, ils restent un groupe séparé parmi les quinze quatuors du compositeur, et les trois derniers peuvent être considérés comme une agonique trilogie finale que peu d’ensembles osent attaquer en concert ou en disque. Le Quatuor Fitzwilliam, qui chez Decca a laissé il y a bien longtemps une très bonne intégrale des quatuors, revient sur ce triptyque, histoire de fêter les 50 ans de sa création (si on prend la date du n° 13) et de leur propre relation avec le compositeur, racontée dans le texte de présentation. On comprend facilement la difficulté de réussir ce triple parangon de noirceur : difficile en effet de tenir la continuité de ce qui ressemble parfois à une succession de monologues (l’alto dans le n° 13, le violoncelle dans le quatuor n° 14) quand la musique ne cherche pas tout simplement à se dissoudre dans le silence. Les Fitzwilliam y parviennent avec maestria, surtout dans le glaçant quatuor n° 15, fantomatique marche funèbre, sans atteindre peut-être dans le 13 et 14 la terrifiante intensité des Borodine ou des Beethoven, les deux formations russes historiques dont les enregistrements tiennent depuis un demi-siècle le haut du pavé. En attendant peut-être les Artemis ?