Lucy Crowe & Anna Tilbrook - Longing. Lieder by Strauss, Berg, Schoenberg - Diapason
Programme sublime d’ambition, ne reculant pas devant le choc des esthétiques. Il faut dire que la longue complicité de Lucy Crowe et Anna Tilbrook, qui se sont rencontrées sur les bancs du Royal College of Music, autorise ces audaces. L’entente entre la pianiste et la soprano est frappante : le désir audible de chercher en semble le chemin, cette écoute mutuelle et respectueuse font amplement le prix de ce disque, qui semble non seulement pensé mais vécu à deux. Cela s’entend presque dans les moindres accents (il faut écouter Allerseelen à cet égard). Lucy Crowe ose dans les Sieben frühe Lieder de Berg des dynamiques que seul permet un dialogue intime avec le clavier, mais c’est évidemment dans les Vier letzte Lieder que la connivence entre les deux artistes pallie l’absence d’orchestre sans le faire regretter : c’est d’une symbiose véritable alors qu’il s’agit, et l’on pardonne les imprécisions d’intonation tant l’engagement des deux artistes est intense. Im Abendrot devient un moment de pure musique de chambre, comme une immersion commune dans la matière sonore, avec d’étonnants effets de miroitement. Cela paraît tout simple, et cependant cette fusion d’intentions et d’émotions est sans doute ce qu’il y a de plus difficile à réaliser au lied.