Maxwell Quartet - Haydn: String Quartets Op. 74 - Folk Music from Scotland - La Voix du Nord
Entre le classique et le folklorique, ces quatre grands gaillards écossais n’ont pas voulu choisir, et nos oreilles les en remercient ! Leur nouvel album, bâti autour de « papa Haydn », est une éclatante réussite.
Avouez, on le fait tous. Appelez cela nostalgie, cette « douleur issue d’une vieille blessure» pour reprendre les mots de Don Draper dans la série Mad Men, ou simplement l’envie de reprendre le cours normal d’une vie : il n’est pas rare de fureter sur les réseaux sociaux et de s’attarder, l’air plus ou moins béat, devant les images de ces contrées étrangères que l’on a visitées si souvent et que l’on reverrait volontiers.
Les frileux nous pardonneront, ici on est porté plutôt sur le Royaume-Uni que sur les tro- piques: les beautés sauvages et tourbées du nord de l’Écosse, la douceur des Cornouailles, la ferveur dublinoise ou encore la majesté silencieuse et préservée des black mountains du Pays de Galles... Niveau atmosphère, il n’y a clairement que l’embarras du choix une fois passé le channel. Et tant pis pour le Brexit.
Nos voyages virtuels nous ont amenés, chose heureuse, jusqu’à quatre jeunes amis, écossais bon teint, dont le premier disque, sorti en 2019, a eu les louanges du New York Times. Leur deuxième album, sorti en janvier dernier, n’est « que » la suite logique du premier mais qu’importe, le résultat est là et il est éblouissant.
Le choix de Joseph Haydn s’imposait comme une évidence. C’est pour ainsi dire un passage obligé pour n’importe quel quatuorà cordes, tant l’Autrichien a contribué à rendre populaire cette formule. Il a la bagatelle de... 68 quatuors à son actif. Qui dit mieux ? Le choix d’aborder l’opus 74 n’est d’ailleurs pas anodin: il évoque un retour aux sources, une époque durant laquelle Haydn, influencé par ses voyages en Angleterre, a fait évoluer son écriture vers les sommets. Lumineux, vivace voire enthousiaste, subtil et toujours surprenant. L’opus 76 n’était plus très loin...
Alors, pourquoi entrecouper les quatuors de Haydn de chansons populaires? On voit là tant la marque de fabrique du Maxwell Quartet qu’une véritable philosophie. Duncan Strachman, Elliott Perks, George Smith et Colin Scobie ne sont pas du genre à choisir entre le smoking et le tartan : tout est question de respect des traditions, de montrer que des ponts existent entre les époques. Les passages folkloriques (le bouleversant Fear a’ Bhàta fait passer par toutes les émotions) sont bien plus que des interludes. D’une grande qualité, et pas bourrins pour deux sous, ils donnent à l’ensemble un dynamisme dont on n’est jamais rassasié !