Phantasm - Dowland: Lachrimae - Crescendo

Son 10 - Livret 9 - Répertoire 10 - Interprétation 10

Les Lachrimae ou Les sept larmes de John Dowland sont une oeuvre tout à fait particulière et probablement unique dans l'histoire de la musique même si certains abordèrent le sujet – les sept plaies du Christ en croix – en utilisant d'autres formes musicales, telle la cantate dans le cas de Dietrich Buxtehude. Ces pages sont des variations sur une seule et même mélodie dans laquelle on reconnaîtra la très célèbre chanson Flow my tears de notre compositeur, si douce et obsédante, qu'Alfred Deller saura magnifier et populariser comme personne. L'impact émotionnel de la version pour consort est immense et on ne peut s'empêcher de penser que William Lawes s'en inspirera, quelque trente ans plus tard, pour écrire ses fameuses suites. L'ensemble Phantasm, qui a également gravé ces dernières, révèle toute la richesse contrapuntique et harmonique de cette longue plainte dont la longueur, si l'on met ses sept parties bout à bout, instaure un climat très caractéristique, à l'intensité et à la dramatisation grandissantes, renforcées ici et là par de poignantes dissonances. La plupart des quatorze pièces qui complètent le programme sont des « galliards » qui offrent un contrepoids idéal de bonne humeur. Pourtant, la douleur et la mélancolie ne sont jamais loin chez Dowland. Ainsi, le magnifique Semper Dowland semper Dolens, au titre on ne peut plus explicite, nous replonge dans une ambiance presque dramatique. Et l'on trouvera plus loin encore un Sir Henry Umton's Funeral, autre douloureuse et magnifique complainte, qui rappelle d'ailleurs Flow my tears, à l'atmosphère par laquelle s'exprime le mieux le génie de son auteur. Interprétation irréprochable qui explore dans ses moindres recoins ces accents si singuliers.