Phantasm - Locke - Musikzen

Phantasm ressuscite le meilleur de la tradition anglaise

Dans leur splendide isolement, les musiciens anglais du XVIIème siècle ont continué de composer pour des formations comme seul outre-Manche on pouvait en trouver à l’époque : les ensembles de violes de gambe, ces « consorts » d’amateurs très doués si l’on juge par la musique écrite à leur intention mais aux goûts plutôt conservateurs (et chauvins : pas question de se laisser aller aux modes venues du Continent…). Vers 1650, quand Matthew Locke compose ces suites, cette tradition paraissait déjà archaïque, même si elle survivra jusqu’à l’époque de Purcell à la fin du siècle. Alternant fantaisies abstraites et mouvements de danse, il ajoute une touche de légèreté et d’humour tout en restant bien dans la tradition insulaire : son goût pour les harmonies insolites, si typiquement anglais, le prouve. Au jeu subtil, riche en nuances et en accents, l’ensemble Phantasm (dont la sonorité éthérée s’accorde si bien à son nom) nous ramène dans ce monde où les gentlemen se rassemblaient autour de cette musique sophistiquée et virtuose. Avec une prise de son qui plonge dans ces forêts de sons pour nous faire suivre chaque voix, on se croirait presque au centre d’une de ses réunions pour happy few à laquelle cette magnifique interprétation nous fait pour un instant participer.

Phantasm rejuvenates the best of the English tradition.

In their splendid isolation, 17th-century English musicians continued to compose for groups only found at the time across the Channel: these were viol consorts, ensembles of very gifted amateurs to judge by the music written for them conforming to a rather conservative and chauvinistic taste: no question of letting itself succumb to fashions prevalent on the continent! Around 1650, when Matthew Locke composed these suites, this tradition already seemed archaic, although it would survive until the time of Purcell at the end of the century. Alternating abstract fantasies and dance movements, Locke adds a touch of lightness and humour while remaining true to the insular tradition: his taste for unusual harmonies, so typically English, proves it. With their subtle interplay, rich in nuances and accents, the ensemble Phantasm (whose ethereal sound goes so well with its name) evokes a world where gentlemen would gather around for this sophisticated and virtuoso music. With a sound recording that penetrates into these forests of sounds allowing us to follow each voice, we almost feel we are momentarily at the centre of one of those meetings for the happy few in which this magnificent performance allows us to take part.