Amihai Grosz - Schubert, Shostakovich & Pártos - Musikzen
Pour être l’alto solo de l’Orchestre Philharmonique de Berlin, Amihai Grosz est presque un inconnu au disque. Certes il a beaucoup enregistré à l’époque où il faisait partie du Quatuor de Jérusalem mais ce programme constitue presque sa présentation comme soliste. Il fait preuve des mêmes qualités dans les trois œuvres : un son riche et profond, un jeu immaculé, une noblesse et une hauteur de vue remarquables. Qualités qui rendent à son interprétation de Yizkor (in memoriam) du compositeur hongrois Ödön Pártos toute la gravité indispensable pour cet hommage aux victimes de la Shoah. Dans « l’Arpeggione » de Schubert, interlude rieur et lumineux entre deux pages bien sombres, cette même retenue met parfois une certaine distance entre l’interprète et l’oeuvre, mais quelle virtuosité dans les variations, quelle sens de la ligne. Les versions de la Sonate pour alto, testament de Chostakovitch, sont aussi légion mais on en trouvera peu qui soient allées aussi loin dans le dépouillement : marchant sur le fil du rasoir, tirant de son instrument des sonorités comme venues d’ailleurs, Amihai Grosz ne surligne pas le pathos mais préfère au contraire laisser mourir la musique dans une lente agonie. Accompagnement efficace, à défaut d’être toujours inspiré, de Sunwook Kim.