Eva Zaïcik & Le Consort - Royal Handel - Diapason
Antidote à la sinistrose ambiante, l’in- croyable vitalité d’ensembles français portés par des artistes de moins de trente ans s’incarne tout particulièrement dans l’ascension fulgurante du Consort, Diapason d’or de l’année 2019 pour son éblouissant album consacré à Dandrieu et Corelli. Le collectif rassemblé autour des violonistes Théotime Langlois de Swarte et Sophie de Bardonnèche, la violiste Louise Pierrard et le claveciniste Justin Taylor retrouve ici la mezzo Eva Zaïcik, partenaire d’un bouquet de cantates françaises (cf. no 677). Aborder les airs de bravoure composés par Handel pour les étoiles de la première Royal Academy of Music de Londres, notamment le castrat Senesino et la mezzo Margherita Durastanti, expose naturellement à davantage de comparaisons. La chanteuse a ici pour elle un timbre rond et lumineux (réservant le poitrinage aux seuls climax expressifs), un soutien sans faille qui confère aux phrases longueur et souplesse (et dont le legato onctueux s’anime d’ornements qui jamais n’en brisent l’élan), et une diction déliée. Les airs de Siroe, Elmira de Floridante, Matilde d’Ottone occuperont désormais une place de choix dans la discographie. Nous en retiendrons également le splendide « Sagri numi » du Coriolano d’Ariosti, parmi les quelques inédits des collègues de Handel étoffant le programme. L’album aurait-il gagné à s’intéresser davantage à ce versant moins connu de la Royal Academy ? Fallait-il s’en tenir pour l’instrumentarium à du quasi un par partie, alors que l’orchestre rassemblé au Haymarket se caractérisait par l’équilibre entre des pupitres de violons plutôt fournis et ceux des autres cordes, harmonie et continuo ? La virtuosité jamais démonstrative des musiciens, le travail d’alchimiste sur les timbres, la transparence harmonique découlant de cet allègement et le parfait alliage de vigueur et de délicatesse permettent d’oublier ces questions pour s’abandonner au seul plaisir de l’écoute.