Barbara Hannigan - Vienna, fin de siècle - Télérama

Qui choisir, la cheffe d’orchestre ou la chanteuse ? On sait Barbara Hannigan aussi brillante dans les deux disciplines, au point de les réunir parfois au cours d’une même interprétation. Le choix a donc été déterminé par le répertoire. Si la Vienne fin de siècle eut l’apocalypse joyeuse, comme le prétendit autrefois une fameuse exposition parisienne, c’est notamment grâce aux merveilleux Lieder des premiers Schoenberg, Webern et Berg, ceux de la jeunesse, d’avant le dodécaphonisme et ses sévérités. On ne saurait cependant limiter Vienne à son « école » et c’est aussi le grand intérêt de cet album que de présenter des Lieder de Wolf (l’inspirateur de Schoenberg dans ce domaine), de Zemlinsky et d’Alma Mahler. Sans effets ni outrances dramatiques, évacuant l’idée d’une Vienne décadente ou à l’agonie, la soprano canadienne prête à ces chants une grande pureté, accompagnée par le pianiste Reinbert de Leeuw, parfait connaisseur de Schoenberg, dont ce fut l’un des derniers enregistrements.