KUNIKO - kuniko plays reich live at Reims - L'Union
Dans le hall d'exposition au 1er étage du centre des congrès, lieu digne d'une chorégraphie de Pina Bausch, haute et large structure métallique, de béton et de verre laissant passer en ses côtés la lumière, le ciel, les marronniers du jardin et la ville, c'est aussi à une véritable démonstration d'art martial que nous a invités hier après-midi, Kuniko Kato tout d'abord lorsqu'elle a joué Rebonds de Xenakis.
En percussions, tout le corps participe, c'est visible : les pieds sont sur la pointe pour un son plus aérien ou prennent au contraire appui sur le sol lorsqu'il faut de la puissance, les jambes assurent l'équilibre d'un côté ou de l'autre, véritable balancier, les bras dirigent les baguettes et leur intensité, chaque frappe est pensée, préparée tout en beauté. L'expression du visage elle-même l'accompagne ou l'anticipe comme chez le samouraï. Rien n'arrête Kuniko Kato, qui a fait son apprentissage à Tokyo, auprès de Keiko Abe, la reine des marimbistes. Elle est capable des rythmes les plus complexes comme dans Rebonds a. Elle enchaîne de façon virtuose comme dans Rebonds b l'alternance bien contrastée entre le chant de guerre, roulement des cinq toms et les sons du marimba et du woodblock, véritable souffle du vent dans les roseaux. Les sons viennent de très loin jusqu'à nous puis s'éloignent dans les trilles du marimba, sur la pointe des pieds, elle danse doucement comme dans Torse III d'Akira Miyoshi. Elle nous montre que tout peut se dire : les longues phrases insistent, interrogent, des accords aux amples vibrations avec pédale répondent : c'est Omar I et II de Franco Donatoni au vibraphone.
Toute la deuxième partie consacrée à la musique de Steve Reich emploie un dispositif de dix haut-parleurs qu'elle dispose en cercle autour d'elle et qui diffusent les autres voix lui permettant de jouer seule un morceau composé à l'origine pour six marimbas. Un ingénieur du son, Yuji Sagae, en règle l'équilibre pour qu'il corresponde au son naturel du marimba et à ce qu'elle joue. Littéralement entouré par le son, l'auditeur n'a plus qu'à se laisser ensorceler ou hypnotiser. En témoigne une petite fille au premier rang plongée dans ses rêves. Kuniko Kato nous montrera encore combien tout en jouant, elle se chante la musique de Steve Reich à elle-même, s'amusant de toutes les syncopes, changements de rythmes et toujours très claire dans ses intentions.
Electric Counterpoint qu'elle a transcrit pour pouvoir le jouer aux percussions et seule nous fera entendre aussi les steel drums, ces espèces de « casseroles » d'acier qui rappellent le son des gamelans dans une version qui enchante Steve Reich, signe de leur parfaite entente musicale. Pour finir ce furent des applaudissements nombreux et enthousiastes, saluant autant la musique que la chorégraphie de Kuniko Kato qui remercia par une dernière transcription : un chant japonais au marimba.