Mario Brunello & Gidon Kremer - Searching for Ludwig - Classica
Charnel et sombre, vertigineux de poésie, le violoncelle de Mario Brunello envoûte dès les premières secondes. La voix de Léo Ferré le rejoint, murmure puis s’élève, crue, mordante et explosive, sertie dans son écrin de cordes et de percussions. Muss es sein ? Es muss sein ! Cette introduction incandescente plonge l’auditeur dans un monde de contrastes et conditionne l’écoute de ce programme entièrement constitué d’arrangements pour orchestre à cordes. La Kremerata Baltica introduit ensuite avec délicatesse le Quatuor n° 16 de Beethoven. Les archets diaphanes, sublimes de transparence et d’homogénéité, font merveille dans cette œuvre (la dernière totalement achevée par le compositeur) surprenante d’équilibre et de concision. Il faut écouter ce Lento assai ivre de chant, fenêtre ouverte ouverte sur l’infini! L’Ensemble interprète également le Quatuor n° 14 du maître viennois. Cette version qui alterne les tuttis et les solos en préserve le caractère chambriste, tout en apportant souffle et amplitude – des qualités plus qu’appréciables dans ces pages visionnaires, défiant les cadres for- mels de l’époque. Entre ces deux Quatuors, l’œuvre de Giovanni Sollima, né en 1962, Note Sconte, hypnotise. Quelle fougue dans Il Deserto rosso, d’inspiration ancestrale ! Cette suite instrumentale composée à partir de fragments inachevés de Beethoven captive par son énergie et son caractère dramatique, reliant l’hier, l’aujourd’hui et le demain.